Dans
nombre de vignobles septentrionaux, depuis fort longtemps, on ajoutait du plomb
afin d’adoucir le goût acide des petits vins locaux. Cette adjonction pouvait
provoquer une crise aiguë
de saturnisme. Cet empoisonnement par le plomb, édulcorant qui rendait marchand
nombre de vins verts et acides, laissait de lourdes séquelles. Plus tard le
plomb dans les carafes
et verres en cristal produisit les mêmes effets.
Cette pratique était courante
dès l’Antiquité,
Quand
le saturnisme devenait chronique il provoquait des crises survenant de façon
inconstante. La plus handicapante était la goutte saturnique qui ne se traitait
alors que par des bains. Mais d’autres symptômes caractérisaient cette urémie :
violents maux de tête, manque d’appétit, œdème méningé, syncopes fréquentes,
secousses incontrôlables, hoquet continuel, surdité, perte de sensation,
nausées, troubles de l’humeur, irritabilité,
insomnie, lassitude, faiblesse dans les membres, constipation chronique,
engourdissement, difficulté de concentration, perte de mémoire, troubles de la
vision, confusion, douleurs subinguinales et difficulté d’uriner. Pour
parachever le tout chez certains sujets cela pouvait aller jusqu’à l’infertilité et l’impuissance....
Gravure : chaulage du vin au sel de plomb pour édulcorer une vendange trop acide.
La goutte saturnique ou « colica pictonum »
Cette
goutte saturnique se déclenchait après des années de consommation régulière de
vins édulcorés au plomb. Mais ce
fut François Citois, originaire de Poitiers et médecin de Richelieu, qui lui donna
son nom, en 1616, dans son traité De novo et populariapud Pictones
doloro colico bilioso diatriba. Aujourd’hui, cet empoisonnement au
plomb est connu sous le nom de saturnisme et la colica pictonum est
caractérisée comme colique de plomb ou colique saturnique......
Jusqu’au XVII° siècle,
beaucoup de cas de comportement mental anormal ont probablement été provoqués
par l’intoxication au plomb. À côté des grandes pandémies (peste, feude
Saint-Antoine), de l’effroyable lèpre, la colica pictonum fit,
elle aussi, pas
mal de ravages redoutables. En furent atteint à la cour pontificale d’Avignon,
deux papes : Clément VI et Grégoire XI, un recteur du Comtat Venaissin
Guillaume Roger de Beaufort neveu et frère des pontifes précédents. Ce fut
aussi le cas de Jean II, comte d’Auvergne, qui devenu complètement fou fut
dépouillé de son comté par le duc de Berry. Enfin, Charles VI, dit le Fol, roi
de France, doit sans doute sa démence aux mêmes raisons. C’est la thèse
développée par Sandrine Willems, dans son ouvrage Le roman dans les ronces
ou la légende de Charles VI, roi fou, et de sa servante.
La suite est à lire dans le livre de J.P.Saltarellei « les vins des papes d’Avignon » - AEFO éditeur
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